mercredi 26 décembre 2012

PORTEURS DE SOUFRE, PORTEURS DE SOUFFRANCE



5H. Nous sommes au pied du KAWAH IJEN, volcan en activité qui culmine à 2600 m d’altitude, dominant la plaine à l’Est de JAVA.
Le point de départ de l’ascension se situe à 1600 m. Déjà, des ombres progressent vers le cratère dans le silence du jour naissant, un panier de bambou à balancier à la main.  Leurs cigarettes exhalent un parfum de girofle.
L’ascension commence en sous bois. Des macaques à pelage noir nous observent à distance. Nous croisons les premiers porteurs, leurs paniers chargés de plaques jaune vif : du soufre. Pour absorber le poids et la pente, ils descendent à petits pas. Se déhanchant de droite à gauche pendant que leur charge balance de haut en bas, ils composent une danse de l’effort intense.
Après une heure d’ascension, nous parvenons au poste de pesée.  Plusieurs charges posées au sol attendent le verdict. Descendant le chemin, un porteur se présente. Torse nu, il porte le balancier de bambou à même la peau. Il s’approche de la balance manuelle, accroche sa charge et règle le contrepoids. Le dispositif s’équilibre à 85 kg. Lui-même ne doit pas excéder 65 kg au vu de sa fine constitution. Le contrôleur lui remet un reçu. Une fois descendue au camp de base, 3 kilomètres plus bas, cette livraison lui sera payée 56 100 roupiahs, soit 4,50 euros.
Mais d’où vient ce soufre ?
Nous poursuivons l’ascension.
Des fumées soufrées nous parviennent par intermittence au gré de l’orientation du vent.
Nous sortons de la forêt. Les flancs du cratère se couvrent d’une végétation rase.
Plus haut, le minéral supplante le végétal dont on ne voit plus que des fragments d’arbres morts d’avoir été exposés à l’air vicié.
La ligne de crête du cratère apparaît. Le ciel se dégage et le cratère se découvre à nous.
Profond de 400 m, il est rempli d’un lac acide vert émeraude que son PH à 0,32 rend dangereux. Au fond du cratère, une puissante fumée blanche est expulsée de bouches d’où jaillit, à 230°,  le soufre liquide. Guidé dès sa sortie vers des flaques d’eau, le soufre refroidit et se fige. Les hommes le cassent alors en plaques, chargent leurs paniers et remontent le cratère.
Pas de masque, pas de protection. Au pied, des tongs.
Tant d’efforts déployés.
On s’insurge. Il y a bien un moyen de mécaniser cela, de réduire cette rudesse ? Un téléphérique pour monter la charge depuis le fond du cratère, puis des mules ou des chevaux pour l’acheminer jusqu’au camp de base, non ? Cela paraît si simple.
On nous répond que les porteurs sont contre. Mais comment cela, contre ? Comment refuser une amélioration de sa condition ?
C’est que, nous explique-t-ton, toute force motrice ou animal supplantant la force humaine provoquerait le licenciement de nombre de ces 400 porteurs.
Or, ils sont pour la plupart sans instruction et ce travail est mieux payé que beaucoup d’autres à Java. Donc, s’il vous plaît, ne changez rien à notre situation. Elle nous permet de vivre et de nourrir nos familles…
Il y a un mois, les porteurs ont demandé et obtenu la revalorisation du kilo de soufre extrait. Au 1er janvier 2013, le prix sera porté à 750 roupiahs, soit 6,25 centimes d’euros.




































4 commentaires:

  1. Nous sommes le 30 à 01:00 p.m, et rien depuis le 23,
    sans déc qu'est que vous faîtes ?? il serait bien temps d'envoyer un post
    Nous en attendant on picole du champ à votre santé (et à la nôtre (dixit Albert)
    La Bonne nouvelle : au final pour 2012 vous ne payerez pas 75% d'impôt : vous pouvez dons rentrer maintenant (d'ailleurs il serait grand temps !!(dixit corinne) et nous on pourrait enfin se barrer !!) Gros Bisouxx de nous 4 pour la fin d'année

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  2. Bonne année les amis!
    Poursuivez bien votre belle route.

    Emmanuelle et Jérôme Deliry

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  3. super cet article ! comme quoi, difficile de comprendre la réalité des autres... avant de l'avoir partagé :-)
    Céline G

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  4. Superbes photos et supers reportages! Profitez bien de ces moments qui resteront dans le patrimoine familial.

    Amitiés

    F.Battault

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